Édito 2

Édito : dans ce 2ème journal, on ne pouvait pas ne pas parler des événements récents du vendredi 13 novembre 2015! Toutes nos pensées vont aux proches des disparus et blessés de ce carnage.

M. Delpech est président de l'association des enseignants d'Histoire-Géo de la Réunion

M. Delpech est président de l’association des enseignants d’Histoire-Géo de la Réunion

J’ai donc choisi de donner la parole à M. Delpech, professeur d’Histoire et Géographie, très impliqué dans l’éducation à la vie citoyenne et les projets pédagogiques civiques. Il a été interrogé sur Réunion Première, la vidéo est visible sur ce lien http://pluzz.francetv.fr/videos/jt_reunion_midi_,131356412.html

Le lundi 16 Novembre 2015, Réunion 1ère souhaitait envoyer une équipe de journalistes filmer les premières réactions des élèves de notre lycée aux terribles attentats ayant frappé notre pays quelques jours auparavant.

des symboles forts

des symboles forts

Monsieur le Recteur ayant donné pour instruction aux médias de ne pas pénétrer dans les établissements ce matin-là « pour des raisons de sécurité et pour la sérénité des débats », c’est au Journal télévisé de 12H30 à Saint-Pierre que j’ai pu évoquer à l’antenne ces moments forts qu’ont constitués pour moi et mes collègues les échanges avec les élèves sur ce sujet d’actualité.

J’ai pu redire l’émotion qui ressortait de leurs propos, leur besoin de parler de ces événements qui les avaient touchés, même s’ils s’étaient passés bien loin de notre île, leur besoin de comprendre aussi comment de telles choses pouvaient être possibles. J’ai alors rappelé notre rôle, à nous, enseignants, rôle qui est justement de dépasser cette émotion qui est tout à fait normale et compréhensible, pour décrire les événements, les analyser en profondeur pour essayer de les comprendre. Nous avions déjà commencé en janvier dernier ce travail, mais il fallait en ce lundi reprendre un certain nombre de choses pour justement montrer qu’un degré avait été franchi dans l’horreur. Cela, les élèves l’avaient bien compris, le massacre de jeunes venus juste à un concert pour chanter, danser et s’amuser, les ayant particulièrement choqués. Mais il fallait remettre un peu les choses en ordre, reprendre des définitions, replacer des mots et des actes dans leur contexte historique et géographique.

commémoration populaire

commémoration populaire

Il était aussi important de rappeler qu’en tant qu’enseignants en Histoire-Géographie, nous sommes aussi bien souvent chargés de l’ Enseignement Moral et Civique et que ces échanges du matin s’étaient souvent clôturés par un rappel de ce qui nous unit tous : les valeurs de la République : Liberté, Égalité, Fraternité et Laïcité.

devant l salle de concerts après la tuerie

devant la salle de concerts après la tuerie

J’aurais aussi aimé dire, au nom de notre association (Association des Enseignants d’Histoire et de Géographie), quelques mots sur l’importance de s’appuyer sur l’Histoire-Géographie locale et régionale pour faire encore mieux passer ces connaissances et cette compréhension du monde d’aujourd’hui, mais le temps passe toujours trop vite lors de ces interviews télévisés. Je réserverai donc la conclusion que j’aurais souhaité faire à l’antenne aux lectrices et lecteurs de ce journal  :
le combat qui s’engage maintenant, nous sommes à la Réunion bien placés pour le mener, car nous avons dans notre île déjà connu de grands combattants de la Liberté. Je ne citerai que 2 exemples : les esclaves marrons qui, plutôt que de vivre à genoux, préféraient s’enfuir dans les montagnes vivre une vie difficile et dangereuse, mais une vie libre, et ces 2 jeunes étudiants réunionnais, Jean JOLY et Teddy PIAT, qui n’ont pas hésité, en s’engageant dans la Résistance en 1940, à affronter les plus grands dangers et ont connu l’enfer de la déportation pour que nous soyons libres. Que leur exemple nous inspire à l’heure de la barbarie renaissante !
Jacques Delpech, Professeur d’Histoire-Géographie et d’ Education Morale et Civique